Passé simple+slovní zásoba // Denis Diderot: La Religieuse

18.09.2020

Comme nous étions venues au monde à peu de distance les unes des autres, nous devînmes grandes toutes les trois ensemble. Il se présenta des partis. Ma sœur aînée fut recherchée par un jeune homme charmant ; bientôt je m'aperçus qu'il me distinguait, et je devinai qu'elle ne serait incessamment que le prétexte de ses assiduités. Je pressentis tout ce que cette préférence pouvait m'attirer de chagrins ; et j'en avertis ma mère. C'est peut-être la seule chose que j'aie faite en ma vie qui lui ait été agréable, et voici comment j'en fus récompensée. Quatre jours après, ou du moins à peu de jours, on me dit qu'on avait arrêté ma place dans un couvent ; et dès le lendemain j'y fus conduite. J'étais si mal à la maison, que cet évènement ne m'affligea point ; et j'allai à Sainte-Marie, c'est mon premier couvent, avec beaucoup de gaieté. Cependant l'amant de ma sœur, ne me voyant plus, m'oublia, et devint son époux. Il s'appelle M. K... ; il est notaire, et demeure à Corbeil, où il fait le plus mauvais ménage. Ma seconde sœur fut mariée à un M. Bauchon, marchand de soieries à Paris, rue Quincampoix, et vit assez bien avec lui. Mes deux sœurs établies, je crus qu'on penserait à moi, et que je ne tarderais pas à sortir du couvent. J'avais alors seize ans et demi. On avait fait des dots considérables à mes sœurs, je me promettais un sort égal au leur : et ma tête s'était remplie de projets séduisants, lorsqu'on me fit demander au parloir. C'était le père Séraphin, directeur de ma mère ; il avait été aussi le mien ; ainsi il n'eut pas d'embarras à m'expliquer le but de sa visite : prendre l'habit. Je me récriai sur cette étrange proposition ; et je lui déclarai nettement que je ne me sentais aucun goût pour l'état religieux. « Tant pis, me dit-il, car vos parents se sont dépouillés pour vos sœurs, et je ne vois plus ce qu'ils pourraient pour vous dans la situation étroite où ils se sont réduits. Réfléchissez-y, mademoiselle ; il faut ou entrer pour toujours dans cette maison, ou s'en aller dans quelque couvent de province où l'on vous recevra pour une modique pension, et d'où vous ne sortirez qu'à la mort de vos parents, qui peut se faire attendre encore longtemps... » Je me plaignis avec amertume, et je versai un torrent de larmes.

Questions :

1. Trouver des exemples du passé simple dans le texte. Dans quelles circonstances on emploie le passé simple ? Quel temps « moderne » est le plus proche ?

2. « C'est peut-être la seule chose que j'aie faite en ma vie qui lui ait été agréable [...]. Quelle forme verbale est soulignée ? Pourquoi y en a-t-il ?

3. Traduisez et apprenez les mots suivants :

un couvent =

cette étrange proposition =

tant pis =

marchand de soieries =

une modique pension =

ma sœur aînée =

incessamment =

son époux =

je ne tarderais pas à sortir du couvent =

4. Essayer de bien traduire et comprendre le texte. Question de réflexion : Quels impacts sur l'enfant peut avoir le séjour forcé dans un couvent ou, plus généralement, dans une institution ? Quelle est, au contraire, la motivation des parents pour faire une telle décision ? Essayer de le répondre en français. 

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Solution :

1. Passé simple : nous devînmes ; Ma sœur aînée fut recherchée ; je m'aperçus ; je devinai ; Je pressentis ; j'en avertis ; j'en fus récompensée ; j'y fus conduite ; cet évènement ne m'affligea point ; j'allai ; l'amant m'oublia ; Ma seconde sœur fut mariée ; et vit ; il n'eut pas d'embarras ; . Je me récriai ; et je lui déclarai ; Je me plaignis ; je versai.

Surtout typique dans les textes littéraires ou lorsqu'on souhaite accentuer un passé lointain. En français moderne, on le substitue par le passé composé, ils ont la même valeur sémantique.

2. C'est le subjonctif. Jedno z užití subjonctivu je i po superlativu v řídící větě